Qu'on se le dise !
Livraison de vêtements aux réfugiés à Vintimille.
Deux de nos bénévoles LSR ont livré une voiture chargée de vêtements à la Boutik Fraternelle de Menton. Il y a un réel besoin de vêtements (hommes) et de couvertures à Ventimille. Nous allons lancer un appel dans le courant de la semaine prochaine.
Visa pour l'image 2022
Visa pour l'image, festival international de photojournalisme, à Perpignan, édition 2022.
De
nombreuses expos dans des lieux devenus mythiques, le Couvent des
Minimes, l'Eglise des Dominicains, le Palais des Corts, l'Hotel Pams
etc..
On y voit toutes les horreurs du monde et on en ressort secoué.
De
plus en plus interpelé par la détresse des réfugiés dans le monde, en
France et dans notre région, tout près de nous, j'ai été
particulièrement sensible à l'exposition de Sameer Al-Doumy que j'ai eu
la chance de rencontrer à Perpignan. Photographe syrien lauréat du Visa
d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) 2022 ,
pour son reportage réalisé entre août 2020 et mai 2022 qui met en
lumière la crise migratoire dans le nord de la France. Après des années
de transit à travers d’innombrables pays, de nombreux migrants qui ont
fui la guerre ou des catastrophes naturelles se retrouvent à Calais. Ils
passent alors des semaines dans des camps de fortune sur la côte
française, à espérer pouvoir rejoindre leur destination finale, le
Royaume-Uni.
Sameer n'oublie pas qu'il a lui même vécu la vie de réfugié.
Allez voir son site internet.
Pascal T.
Récit d'une mobilisation .
Mardi 14 juin, en matinée, Roger, de La Cimade de Narbonne, et moi accompagnons Yacou et deux autres migrant·es convoqué·es en préfecture de Carcassonne. Les deux autres obtiennent rapidement (ce jour-là !) leur titre de séjour. Puis, Yacou est appelé à se rendre à un guichet. Roger l'accompagne. Puis, il m'appelle : Yacou vient de recevoir une Obligation de Quitter le Territoire Français et IRTF de deux ans, sans délais, avec assignation à résidence de 45 jours, confiscation du passeport, interdiction de sortir des limites de la commune de Narbonne et obligation de se présenter au commissariat tous les jours à 15h.
Nous sommes tous les trois sous le choc. Pour nous, la demande de régularisation d’admission exceptionnelle au séjour déposée par Yacou un an plus tôt en préfecture devait aboutir à l'obtention d'un titre de séjour : il avait répondu à toutes les demandes de l'administration en ce sens.
Dès notre retour à
Narbonne, nous recherchons un avocat montpelliérain
compétent en droit des étrangers, acceptant l'aide
juridictionnelle et disponible pour faire un recours dans les
48 heures auprès du tribunal administratif. Me
Kouahou remplira cette mission.
Une action juridique et des actions populaires
Il nous faut définir une stratégie en parallèle : nous avions promis à Yacou de nous mobiliser publiquement s'il n'obtenait pas un titre de séjour. Nous choisissons de ne jamais laisser Yacou aller seul au commissariat, car nous craignons son arrestation et son expulsion vers la Côte d'Ivoire où il est né. Yacou passe quelques coups de fils à des proches. A 14h50, nous sommes 11 devant le commissariat.
Clara crée une page de soutien à Yacou et son fils Momo. Nous publierons tous les jours la photo des personnes présentes avec lui devant le commissariat.
Nous envisageons aussi de faire un grand rassemblement le samedi à 14h devant la sous-préfecture. Yacou a su se faire apprécier par de nombreuses personnes depuis son arrivée à Narbonne en 2019. Et son fils Mohammed aussi. Il a 12 ans est scolarisé au collège Cité, après deux années à l'école Jean-Jaurès, joue au football au FUN, fréquente les accueils de loisir de La Maison des Potes et de la ville de Narbonne. Autant de lieux et de personnes à prévenir.
Nous déclarons le
rassemblement du samedi à la sous-préfecture de Narbonne et
nous en profitons pour demander un rendez-vous au
sous-préfet au nom de La Cimade de Narbonne, du collectif
Accueil Migrant·es du Narbonnais et de 100 pour 1 toit du
Narbonnais. Des personnalités politiques sont interpellées
et font des démarches en direction de la préfecture.
Les différents visages de l'Aude
Léo et Claudine prennent contact avec le Réseau Éducation Sans Frontière pour mettre en place une pétition en ligne. Elle dépassera les 600 signatures en trois jours.
Yacou est arrivé en France en 2011, alors que la guerre civile le mettait en danger en Côte d'Ivoire. Il n'a jamais vraiment envisagé sa vie en dehors de la France depuis, même si ce pays ne lui a jamais donné de titre de séjour. Fin 2016, il réussit à faire venir son fils Mohammed en France. Celui-ci est scolarisé en France en continu depuis janvier 2017. Il ne reverra jamais sa mère, décédée de maladie (et de manque d'accès aux soins) en Côte d'Ivoire.
La mobilisation en faveur de Yacou et Momo a été rapide, multiple et croissante. Face à cette mobilisation et le recours de notre avocat dans les 48h après le refus de la préfecture accompagné d’une OQTF , d’une interdiction de retour sur le territoire de 2ans et d’une assignation à résidence, la préfecture de l'Aude a suspendu ses décisions à l'encontre de Yacou. Et le vendredi 17 juin en milieu d'après-midi, le préfet convoque Yacou pour un nouveau rendez-vous le 27 juin : il aura un titre de séjour !
Nous décidons alors de maintenir le rassemblement du lendemain à 14h devant la sous-préfecture pour célébrer ce moment et manifester notre détermination à soutenir les droits des personnes exilées, d'où qu'elles viennent : l'appel a été relayé par tellement de monde ! Plus de deux cent personnes sont là, malgré la canicule. L'Aude a montrer un beau visage de solidarité le 18 juin, la veille de la funeste élection de trois députés du rassemblement national.
Pour Yacou et Momo, c'est enfin une vie normale qui commence. Pour toutes les personnes animées de valeurs de solidarité et d'égalité, cette lutte rapide et intensive devrait nous inspirer face aux défis en cours !